Réception des ambassadeurs siamois par l'empereur Napoléon III au palais de Fontainebleau.
Auteur : GEROME Jean-Léon
Lieu de conservation : musée national du château de Fontainebleau (Fontainebleau)
site web
Date de création : 1864
Date représentée : 27 juin 1861
H. : 128 cm
L. : 260 cm
huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP
MV 5004 - 89-000102
Napoléon III reçoit les ambassadeurs siamois
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Martine GIBOUREAU
La politique extérieure de Napoléon III s'exerce dans bien des directions sans lien évident entre elles : les « détroits » avec la guerre de Crimée, l'Italie avec Magenta et Solférino, l'Algérie, le Levant et Suez, le Mexique et l'Extrême-Orient. Deux expéditions militaires franco-anglaises (1852 et 1860) imposent à la Chine six nouveaux ports « ouverts » aux nations européennes. Des expéditions en Annam (1858, 1859 et 1861) permettent à la France d'obtenir la basse Cochinchine et le protectorat sur le Cambodge.
Au Siam (ancien nom de la Thaïlande) règne depuis 1851 Rama IV, qui conduit doucement son pays vers la modernisation. Entre autres, il ouvre des négociations, parallèlement avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France. Un traité est signé avec la France le 15 août 1856, assurant la paix entre les deux pays, la liberté religieuse pour les missionnaires français et la liberté de commerce. Toutefois Rama IV apprécie peu le désir des Français de négocier un traité analogue avec le Cambodge dont le roi n’est pas considéré comme un souverain indépendant. Rama IV, malgré tout, fait savoir qu'il souhaite envoyer des ambassades à Londres, Paris et Rome. Après divers contretemps l'ambassade siamoise est reçue à Fontainebleau le 27 juin 1861.
Une commande d'Etat, une galerie de portraits
Jean-Léon Gérôme a été le chef de file du style baptisé « pompier » par ses détracteurs. C'est un peintre reconnu sous le Second Empire. Les souverains font appel à lui pour immortaliser une scène dont l'exotisme convient à ce peintre qui a déjà fait de nombreuses œuvres orientalistes.
Ce tableau de grande dimension destiné au musée historique de Versailles commémore un événement considéré comme historique d'autant plus qu'il rappelle l'ambassade de 1684 auprès de Louis XIV.
La scène se passe dans la salle de bal du palais de Fontainebleau, aménagée en salle du trône spécialement pour cette réception. Napoléon III et Eugénie, assis devant la cheminée, regardent s'avancer les Siamois, coiffés de chapeaux pointus garnis d'or ciselé et vêtus de longues robes de soie flottantes. L'Ambassadeur, son jeune fils et toute leur suite, à la queue leu leu, se traînent quasiment à plat ventre, jouant des coudes et des genoux pour avancer. L'instant de la cérémonie qui est représenté est celui où Napoléon III prend dans la coupe en or qu'on lui tend une petite boîte contenant une lettre du roi du Siam. La cour de Napoléon III est présente en arrière-plan, et le tableau offre plus de quatre-vingts portraits dont certains furent exécutés d'après des photographies de Nadar. Le détail des uniformes est scrupuleusement peint. Il y a entre autres un autoportrait de Gérôme que l’on reconnaît à l'extrême gauche. L'impératrice derrière laquelle se tiennent les dames du palais porte un diadème orné du « Régent ». Le décor est lui aussi très soigneusement rendu. Une partie des fresques et des lambris a été tendue de draperies, mais on reconnaît très bien certaines fresques de la Renaissance. Les vitrages apparaissent toutefois différents de ceux d'aujourd'hui.
Un tableau témoin d'une « extravagante réception » (F. Maison)
L'envoi en 1861 par le roi du Siam d'ambassadeurs est un acte de pur apparat qui n'apporte aucun élément nouveau par rapport au traité de 1856. Gérôme représente de façon scrupuleuse tous les détails d'une cérémonie voulue par le ministère des Affaires étrangères dans le respect de la tradition du cérémonial asiatique. Il faut donc se garder d’y apporter une interprétation post-coloniale : le Siam est alors un pays indépendant dirigé par un souverain habile, qui louvoie adroitement entre les impérialismes européens rivaux afin de préserver l'indépendance de son pays. Les ambassadeurs adoptent la posture habituelle de respect vis-à-vis d'un souverain qui les reçoit. Il n'y a ici aucune volonté de la part de Napoléon III et de ses conseillers d'humilier un peuple qui serait considéré comme inférieur. Cependant le moment est immortalisé pour son exotisme et parce qu'il rattache Napoléon III, en quête de légitimité, à la tradition monarchique de l'Ancien Régime.
Jean TULARD (dir.) Dictionnaire du Second Empire Paris, Fayard 1995.
A propos de l'illustration de la jaquette et de l'étui du dictionnaire du Second Empire, Françoise Maison.
Collectif L’Art en France sous le Second Empire , Grand Palais, 11 mai-13 août 1979, catalogue RMN.RMN
Martine GIBOUREAU, « Napoléon III reçoit les ambassadeurs siamois », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 03/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/napoleon-iii-recoit-ambassadeurs-siamois
Lien à été copié
Découvrez nos études
Louis XIV reçoit au Louvre les ambassadeurs des treize cantons suisses (11 novembre 1663)
Ce tableau est la copie réduite de l'un des 17 cartons dessinés par Charles Le Brun, pour la série de…
La diplomatie de Napoléon
Le dessein de Napoléon fut toujours d’isoler l’Angleterre, des pays européens, le plus souvent subventionnés par la grande rivale de la France…
Napoléon III reçoit les ambassadeurs siamois
La politique extérieure de Napoléon III s'exerce dans bien des directions sans lien évident entre elles : les « détroits » avec la guerre de…
Sortie de l’ambassadeur de la Sublime Porte (21 mars 1721)
Le 21 mars 1721, la capitale du royaume est en pleine effervescence. La foule se regroupe aux abords des…
La fin de la guerre de Crimée
Charge anti-républicaine
Le 22 avril 1885, Le Figaro titre « Nouvel incident au Salon » : le tableau de Maurice Boutet de Monvel est définitivement refusé à l’exposition…
Karin Westerwelle || Gérôme
Pour une compréhension approfondie de cette peinture, il faudrait renvoyer aux travaux de David O'Brien sur Gérôme.
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel